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2019

Laurent DUMORTIER - novembre 2019

La nuit n’est pas que terreur ; elle peut être poésie, mais aussi réalité de ce que le jour tente de cacher. Les nuits sont des coulisses fragiles. C’est également le monde du rêve : les corps plongés dans les lits, les désirs réveillés, incarnant d’autres formes, mouvementées ; un univers silencieux aux multiples bruits. Amas d’ombres, tas obscures, choses indiscernables, éléments privés au regard, phantasmes en devenir. Laurent Dumortier poursuit ses balades nocturnes ; chaque fenêtre dégage sa propre atmosphère et caractéristiques physiques qui conditionnent ainsi ses dessins. Une fois le cadre délimité, pris en compte certains détails ou fragments de réalité, le dessin se construit par contradiction : c’est-à-dire que l’artiste n’est pas certain de ce qu’il a vu, qu’il y a extrapolation, autres récits, déformations, éclatement des proportions…même si l’image se fige, "l’histoire" racontée n’est pas univoque.   "Il y avait une lumière mauve qui se dégageait de trois grandes vitres carrées, des va-et-vient (homme ou femme ?), une télévision allumée, quelques flashs turquoises, pas de tentures, les cafés fermés aux alentours, quelques meubles récents. Il y avait là quelque chose qui attira mon regard, deux minutes devant ces trois grandes vitres carrées pour plusieurs heures de cogitation."À peine esquissé le premier pied, fusse celui d’un homme ou d’une femme, qu’il devint une main ou même un début de bras, et pourquoi pas juste une ombre d’un meuble quelconque ? Le dessin progresse par contradiction et figera "son histoire", celle de Mr et Mme x, celle de personnages sans visage, mais gesticulant – s’articulant dans leurs chairs, leurs nudités noctambules, leurs parts sombres ou bestiales,  dans des gouttes de lumière… Des figures, elles tentent d’avoir leur autonomie, encadrées par les meneaux des fenêtres comme dans une bande dessinée, mais sans les vignettes ou mots pour restituer la scène. Il n’y a pas d’illustration ou lieu d’illustrer une scène. Davantage, il s’agit de mettre en tension, de proposer une lecture à plusieurs issues, de laisser l’histoire se construire dans le regard de chaque spectateur comme l’artiste se l’était racontée près des fenêtres – comme ce voyeur interprétant plusieurs scénarios sans savoir le dénouement, à juste titre "excité" (au sens animer – faire sortir) par la multitude des possibilités.Ce travail questionne le visible, le toucher et la mémoire. Le visible car l’œil raconte déjà autre chose que ce qui s’est joué, car c’est déjà une autre scène, parce que "rendre visible" c’est choisir ce qui va être montré. Le toucher car la fenêtre est à distance tandis que le dessin glisse sous les mains de l’artiste ; pourtant, in fine, le fusain l’oblige à ne plus toucher ce dernier par peur de laisser une trace ou d’effacer ce qui prend vie – comme si, au fond, le dessin devenait à son tour fenêtre. Enfin, la mémoire parce que la trace à ces trous, ces réminiscences, ces choses qui persistent alors que d’autres s’effacent. Peut-être que la feuille remplie de fusain, surface sombre et pleine, serait "cette" mémoire ; un espace (facilement effaçable) où vont progressivement y apparaitre des éléments. Le fusain est aussi volatile que la mémoire, mais aussi précis et se solidifie parfois sur certains points de résistance. Laurent se demande ce qui est caché derrière les fenêtres, choses inaccessibles – sauf invitation / effraction. Visions d’y pénétrer, de découvrir plus que ce que l’on voit, de tirer les rideaux plus à droite…ou, tout simplement, ne rien y voir dans ce noir. Le soir, imaginer le pire des scénarios, le plus savoureux des phantasmes, découvrir les voisins de la rue Caserne.

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2019

Après 8 mois de résidence...

Après 8 mois de résidence, les projets des quatre artistes en résidence se dessinent et révèlent des thématiques fortes.En ces temps de confinement, Clara Marciano travaille sur le thème du pendu, symbole de latence, de réflexion et de germination. Diego Wéry focalise quant à lui ses recherches sur l'idéologie masculine et ses différentes identités. Chez Élise Peroi, le tapis est associé à l'image et la symbolique du jardin, parcelle de nature investie par l'homme.Enfin, Laurent Dumortier continue de s'immiscer dans des intérieurs nocturnes et intimes, et s'imprègne de l'univers du peintre danois Hammershoi.

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Robin WEN - Avril 2019

La structure évoque un mirador, une cabane, ou de nichoir en bois calciné hérissé de portes-voix. Cette sculpture fait écho à l'actualité. Elle nous parle de l'omniprésence des manifestations dans les médias, qui deviendraient la toile de fond de notre quotidien, une réalité sociale à laquelle nous serions en train de nous habituer.Les bruits des revendications et des slogans que l'on peut attendre de la part de mégaphones, sont ici remplacés par des chants d'oiseaux, symbole de liberté. Ils sont diffusés à l'intérieur de la sculpture qui ne dispose d'aucune ouverture, et se retrouvent en quelque sorte pris au piège.Par l'utilisation de ce dispositif sonore coercitif et par l'utilisation de bois de palette, matériau fréquemment utilisé au cours de rassemblements contestataires, je questionne, dans une mise à distance contemplative et de façon poétique, le dysfonctionnement de nos politiques et la possibilité d'être entendu ou pas et d'exister dans notre société.

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Irina FAVERO-LONGO - Mars 2019

Le pied : retourner une architecture, la prendre en main, l'ouvrir, y mettre un doigt, la jeter à la poubelle.Je me déplace dans les rues et je cherche des fonds verts. Ma recherche urbaine m’amène jusqu’au terrain de golf, vers le « Green ». Un fond vert troué, à perte de vue sous nos pieds. Puis arrive le minigolf: ville pour les pieds.La ville est pleine de modèles réduits d’architectures : objets à posséder comme souvenirs, ou montagnes de cartons qui le temps des poubelles, s’érigent au bord des rues.Dans mes ballades urbaines je trouve aussi souvent des écrans étonnants.La ville et sa composition offrent des cadres de toutes sortes. Des cadres et leurs hors champs. Dans mon atelier, je construis « la Niche » : un modèle réduit d’architecture qui est un dispositif pour filmer. Elle permet de: rentrer sa tête dans le cadre de l’image, s’allonger sur le fond vert, avoir des conversations crâne contre crâne sans se voir mais en se sentant. Le cadre est une architecture, le cadre est profond et étroit.