Happy Endings
Exposition de fin de résidence 2023-2024
06->30.06.24
Il y a toute une vie qui passe en 9 mois. Trois saisons, un cycle presque complet de régénération, des transformations autant internes qu'externes, et tout ce temps, dans ce lieu, un travail qui s’enracine, se développe, s’achève. En ce début d’été, nous sommes fièr.es de présenter l’aboutissement de nos projets, qui ont grandi ensemble ici, à l’ombre des pommiers; un "Happy Ending", chacun.e à notre manière.
Pour Killian John Ryan, cette fin est multiple. Dans ses maquettes, le public est invité à se projeter dans une gamme d’intérieurs oniriques, imprégnés de l’univers de la musique et du cinéma. Ce n’est pas une fin, mais plusieurs qui s’entrecroisent. L’imagination l’emporte devant ces maisons en carton, où les personnages sont absents mais fantasmés à l’aide de leurs objets, une mise en scène poétique du quotidien. L’artiste propose un espace où déployer nos propres histoires, et touche ainsi l'esprit collectif qui infuse nos manières d’habiter le monde.
Dans sa pratique de la céramique, Antoine Moulinard provoque une sensation similaire par une autre approche. En effet, à l’inverse des répliques en miniature de Ryan, Moulinard crée des objets fonctionnels, voués à un usage domestique. C’est la forme qu’il leur donne qui permet l’envol, en empruntant des images au folklore et aux contes de fées. Avec une lampe à l'effigie de Saint-Sébastien, des diablotins dans lesquels on se contemple, Moulinard évoque la capacité humaine à faire surgir la magie du tissu objectif de la réalité. Cette fin n’en est pas une : il nous propose ici une étape d’un projet de vie, qui se déroule au même rythme que sa propre évolution.
Anna Safiatou Touré développe, quant à elle, une alternative à l’Histoire, en cherchant les failles dans les récits dont nous héritons. Ses “fétiches” en argile sont des copies de copies: l’artiste travaille à partir d’une série d’objets africains du 20ème siècle, achetés ici à un collectionneur belge. Elle les imprime en creux dans l’argile, et retravaille ces formes pour exprimer son propre langage plastique. En découle un travail textuel et numérique, qui invite le spectateur dans les interstices de nos archives, vers des voix qui en sont absentes. Avec ceci, Touré développe une imagination radicale, une manière de porter les blessures du passé qui trace une voie vers l’avenir.
Et moi, la fin de mon projet est aussi un début. Depuis plus d’un an, je travaille avec les restes de deux animaux, que j’ai suivi de leur présence incarnée jusqu’à une absence diffuse, de la chair fraîche jusqu’aux os et cendres rendues pérennes par la terre et le feu. La matière de ces corps se retrouve aujourd’hui dans mes dessins et sculptures, qui imaginent le chemin métabolique d’un corps vers un autre.
Reste à voir ce que nous ferons après.
Texte d'Olivia Perce
Infos
Vernissage le mercredi 5 juin 2024 de 18 à 21h
Ouvert jusqu'au dimanche 30 juin les weekends de 14 à 18h, ou sur rdv:
annastoure@hotmail.fr / +32 (0) 493 86 87 80
79 rue du Canal
1000 Bruxelles
Entrée libre
A lot happens in 9 months. Three seasons, an almost complete cycle of regeneration, internal and external transformations, and all this time, in this place, a work which roots, grows and finally bears fruit. As summer begins, we are proud to present the culmination of our projects, which have grown together here in the shade of the apple trees; a 'Happy Ending', each in our own way.
For Killian John Ryan, the end is multiple. In his models, the public is invited to project itself into a range of dreamlike interiors, influenced by music and movies. It's not one ending, but several that interweave: these cardboard houses, where the characters are absent but suggested by their objects, are a poetic staging of everyday life. The artist offers us a space to unfold our own stories, touching on the collective spirit that infuses our ways of inhabiting the world.
In his ceramic practice, Antoine Moulinard provokes a similar sensation through a different approach. Unlike Ryan's miniature replicas, Moulinard creates functional objects for domestic use. It's the form he gives them that allows them to take flight, borrowing images from folklore and fairy tales. With a lamp bearing the effigy of Saint Sebastian, and demonic creatures holding mirrors, Moulinard evokes the human capacity to find magic in the objective fabric of reality. There is no ending: here, he offers us one step in the project of his life, building elements for his dream house, little by little.
Anna Safiatou Touré, for her part, develops an alternative ending, looking for loopholes in the narratives we know today. Her clay “fetishes” are a copy of a copy: the artist works from a series of 20th century African objects, purchased from a collector here in Belgium. She imprints them in clay, then reworks these negatives, adding her own touch. This sculptural process is followed by a textual and digital work, inviting the viewer into the interstices of our archives, towards voices that have not been recorded by history. With this, Touré cultivates a radical imagination, a way of bearing the wounds of the past that traces a path towards the future.
The end of my project is also a beginning. For over a year, I've been working with the skulls of two animals, following them from their incarnate presence to a diffuse absence, from flesh to bone, cleansed by earth and fire. For this exhibition, I have finished all the material I had from these two cows, their disappearance complete, leaving only ceramics and drawings that imagine the path of transformation from one body to another.
What we do next remains to be seen.
Text by Olivia Perce
Infos
Opening on Wenesday 5 June 2024 from 6 until 9 pm
Echibition open until Sunday 30th June
Open on weekends from 2 until 6 pm, or
by appointment: annastoure@hotmail.fr / +32 (0) 493 86 87 80
79 rue du Canal
1000 Bruxelles
Free entry
Na 9 maanden zijn onze projecten werkelijkheid geworden: Killian John Ryan's miniatuurmodellen bieden een poëtische kijk op het dagelijks leven, met meerdere verhaallijnen die de kijker kan oppikken en verweven met zijn eigen leven. Antoine Moulinards functionele keramische objecten zijn bouwstenen voor zijn eigen habitat, waarbij hij beelden ontleent aan folklore en queer esthetiek. De kleifiguren van Anna Safiatou Touré zijn kopieën van kopieën, afdrukken van een verzameling 20e-eeuwse Afrikaanse fetisjen; haar digitale werk cultiveert een radicale verbeelding, reikt in de barsten van onze archieven om naar de toekomst te kijken. De sculpturen en tekeningen van Olivia Perce voltooien een lang transformatieproces, waarbij ze twee dieren volgt van warm vlees tot bot en hun as gebruikt als pigment om dit metabolische pad weer te geven. Nu nodigen we je uit om te delen in onze "Happy Endings".
Il y a toute une vie qui passe en 9 mois. Trois saisons, un cycle presque complet de régénération, des transformations autant internes qu'externes, et tout ce temps, dans ce lieu, un travail qui s’enracine, se développe, s’achève. En ce début d’été, nous sommes fièr.es de présenter l’aboutissement de nos projets, qui ont grandi ensemble ici, à l’ombre des pommiers ; un Happy Ending, chacun.e à notre manière.
Pour Killian John Ryan, cette fin est multiple. Dans ses maquettes, le public est invité à se projeter dans une gamme d’intérieurs oniriques, imprégnés de l’univers de la musique et du cinéma. Ce n’est pas une fin, mais plusieurs qui s’entrecroisent. L’imagination l’emporte devant ces maisons en carton, où les personnages sont absents mais fantasmés à l’aide de leurs objets, une mise en scène poétique du quotidien. L’artiste propose un espace où déployer nos propres histoires, et touche ainsi l'esprit collectif qui infuse nos manières d’habiter le monde.
Dans sa pratique de la céramique, Antoine Moulinard provoque une sensation similaire par une autre approche. En effet, à l’inverse des répliques en miniature de Ryan, Moulinard crée des objets fonctionnels, voués à un usage domestique. C’est la forme qu’il leur donne qui permet l’envol, en empruntant des images au folklore et aux contes de fées. Avec une lampe à l'effigie de Saint-Sébastien, des diablotins dans lesquels on se contemple, Moulinard évoque la capacité humaine à faire surgir la magie du tissu objectif de la réalité. Cette fin n’en est pas une : il nous propose ici une étape d’un projet de vie, qui se déroule au même rythme que sa propre évolution.
Anna Safiatou Touré développe, quant à elle, une alternative à l’Histoire, en cherchant les failles dans les récits considérés comme des vérités. Ses "fétiches" en argile sont des copies de copies : l’artiste travaille à partir d’une série d’objets trouvés en Belgique, des imitations d’objets sacrés africains datant du 20e siècle, qui ont été créés pour le regard européen. Elle les imprime en creux dans l’argile, et retravaille ces formes pour exprimer son propre langage plastique. En découle un travail textuel et numérique, qui invite le spectateur dans les interstices de nos archives, vers des voix qui n’ont pas été enregistrées. Avec ceci, Touré développe une imagination radicale, une manière de porter les blessures du passé qui trace une voie vers l’avenir.
Et moi, la fin de mon projet est aussi un début. Depuis plus d’un an, je travaille avec les restes de deux animaux, que j’ai suivi de leur présence incarnée jusqu’à une absence diffuse, de la chair fraîche jusqu’aux os rendus pérennes par la terre et le feu. La matière de ces corps se retrouve aujourd’hui dans mes dessins et sculptures, qui laissent deviner le chemin métabolique d’un corps vers un autre.
Reste à voir ce que nous ferons après.
Texte d'Olivia Perce
Infos
Vernissage op woensdag 5 juni 2024 van 18 tot 21 uur
Tentoonstelling tot zondag 30 juni
Open in het weekend van 14 tot 18 uur, of op afrspraak:
annastoure@hotmail.fr / +32 (0) 493 86 87 80
79 Vaartstraat
1000 Brussel
Vrije toegang